...Beaucoup le connaissent, sous un autre nom*, pour sa trajectoire de "théâtreux" comédien, metteur en scène, auteur dramatique, directeur de l'école du TNS de 1983 à 1990. Mais toujours la peinture le hanta. «J'avais deux passions à l'adolescence: le théâtre et la peinture. Le premier a fini par l'emporter sur la seconde... » Il y a huit ans, «avec le nouveau millénaire», Vaisseau décida de franchir le Rubicon. Dans une chambre sous les toits, transformée en atelier, il s'attela à un travail de plusieurs heures quotidiennes, utilisant principalement l'acrylique, la gouache et le fusain sur papier. Ce sont des gueules marquées par la vie, sur lesquelles plane parfois la mort, certes, mais aussi des visions très sensuelles de la féminité ou de visages d'enfants un peu lunaires. Un travail sans nul doute très abouti, et soutenu par une vision claire du petit théâtre humain. A travers une palette réduite, articulée sur une vraie maîtrise des la­vis et des noirs opaques, Vaisseau nous promène dans un univers intermédiaire entre réalité du sujet et expressivité, tout aussi libre que juste, du graphisme. Une tension entre une présence forte, à la fois belle et tragique, du modèle, et un gouffre d'intériorité fragile qu'il nous appartient de percevoir. Ou pas - mais même cette absence envoûte.   Serge Artmann * Alain Knapp